La violence a fait l'objet ces dernières décennies d'une pléthore de recherches dans bien des domaines. Peu d'entre elles cependant l'ont abordé dans sa dimension génétique essentielle de violence fondatrice. Il est effectivement pénible de considérer que les processus civilisateurs, avec leurs rites, leurs culture, etc., trouvent leur origine dans une violence radicale qui en constitue la fondation. A cet égard, Freud a la paternité de l'idée d'un meurtre originel, paradoxalent à l'origine de la civilisation, de la morale et de la religion.
Mais ne s'agit-il pas chez Freud d'un mythe. Girard utilise, lui, une méthode indiciaire et tout un matériel anthropologique et ethnologique pour, dans un effort continu et souvent solitaire, remonter à la source d'une violence - non pas unique, mais périodique - effectivement fondatrice et qui s'exerce sous forme de la persécution de la victime émissaire.
C'est son oeuvre que nous exposerons dans cette conférence, et ses apports pour penser l'histoire, mais aussi les enjeux de notre époque.