Le cinéma libanais a toujours été un vecteur puissant de mémoire collective, explorant les fractures historiques, sociales et culturelles. Dans cette conférence, nous examinerons le rôle central de l'eau en tant que métaphore et élément narratif dans les films libanais, en lien avec la construction et la transmission de la mémoire collective. Dans un pays marqué par les traumatismes de la guerre civile (1975-1990) et les tensions identitaires, l'eau est un élément récurrent du cinéma libanais et se montre à l'écran comme un vecteur de métaphores liées à l'oubli, au souvenir et à la reconstruction. À travers des analyses de films emblématiques, nous examinerons comment les cinéastes utilisent l'eau pour refléter les fractures sociales du passé ou encore les espoirs de réconciliation. À travers des films tels que Submarine de Mounia Akl, où l'eau est à la fois une menace et une bulle d'espoir, ou encore des œuvres abordant la "l'eau et le no man's land" comme frontière symbolique, nous analyserons comment les cinéastes utilisent l'eau comme miroir du passé et des souvenirs enfouis. Cette étude soulignera enfin la manière dont les films utilisent ce motif non seulement comme élément de décor, mais aussi comme acteur essentiel dans la construction et la préservation des mémoires individuelles et collectives face à l'effacement de l'histoire imposée par des discours politiques officiels.