Il s'agit, à partir des guides Michelin décrivant certains champs de bataille de la Première Guerre, de proposer une réflexion sur le tourisme de mémoire, sur sa permanence et son évolution.
Les auteurs de ces guides ont collecté et publié un nombre considérable de photogravures depuis 1917. Comme ces illustrations sont réemployées dans les guides au fil des ans et aussi complétées par des nouvelles, il est possible de comparer la "mémoire communicative" des témoins contemporains à la "mémoire culturelle" entretenue par les générations suivantes.
Jusqu’en 1921, l'iconographie témoigne de la sortie de guerre et le photojournalisme militaire a le monopole : l’événement et la réalité matérielle de la destruction s’imposent. Puis, durant l’entre-deux-guerres, ce monopole et la connaissance objectivante de la Première Guerre perdurent certes mais ils se complexifient et se concentrent sur Verdun, qui reste un référent concret tout en gagnant une fonction de mythe. La présentation des sites les plus marquants parue ces dernières années change les paradigmes, son objectif étant d'informer le grand public, de susciter l’intérêt et l’empathie de chaque visiteur, afin de commémorer le passé et de se projeter symboliquement dans le futur.